Activité de recherche
Axe 1. Evaluation de la nature complexe des mécanismes immunitaires induits par les (co)infections à parasites protozoaires
Projet 1. Facteurs de virulence parasitaire sous-jacents à la maladie sévère dans la leishmaniose
L. guyanensis est infecté par un virus ARN double brin (dsRNA) endosymbiotique (LRV1) qui confère au parasite la capacité de persister dans l'hôte et de former des lésions secondaires distantes. Le LRV1 est incapable d'infecter les vertébrés mais est détecté par le système immunitaire inné de l'hôte. En initiant une réponse immunitaire anti-virale précoce suite à l'engagement du dsRNA par le récepteur TLR3, le LRV subvertit les réponses immunitaires anti-parasitaires.
Nous proposons de :
- Définir les mécanismes moléculaires impliqués dans ce processus établissant ainsi si l'infection par le LRV est un facteur de virulence associé à une leishmaniose métastatique sévère.
- Caractériser la réponse immunitaire de patients exprimant diverses formes cliniques de L. guyanensis et L. braziliensis (à l'aide d'une banque d'échantillons cliniques (biopsies cutanées, cellules sanguines périphériques et sérums).
- Identifier les modifications cellulaires induites par la présence de LRV1 dans les macrophages infectés par différentes souches de Leishmanie et dans les biopsies cutanées de patients infectés.
- Entreprendre un profilage génétique de L. guyanensis dans des isolats de patients porteurs de LRV et le corréler avec les profils immunitaires et l'issue de la maladie.
Personnes impliquées dans le projet : Ghislaine Prévot, Pierre Couppié, Romain Blézot, Marine Ginouves.
Projet 2. Mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués dans les interactions hôte – parasite responsables de la protection ou des pathologies au cours du paludisme
2.1 : Rôle des cellules gliales dans le neuropaludisme
Les astrocytes et les cellules microgliales de type M1 jouent un rôle important dans l'exacerbation des processus neuroinflammatoires associés au paludisme cérébral (CM) par le biais de microvésicules parasitaires transférées dans les astrocytes.
Notre programme de travail consiste à :
- Définir les mécanismes de transfert des microvésicules parasites vers les astrocytes (coll. F. Lafont et plateforme BICELL au CIIL).
- Caractériser les microvésicules parasitaires et les sécrétomes des cellules gliales (en utilisant la métabolomique différentielle et la protéomique (coll. S. Kamat, IISER Pune, Inde)) afin d’identifier des immunorégulateurs.
- Examiner comment les astrocytes pro-inflammatoires et la microglie interagissent avec les cellules myéloïdes infiltrant le cerveau et les cellules T CD8 + pour donner lieu à une neuropathologie.
Personnes impliquées dans le projet : Sylviane Pied, Inès Leleu, Fatima Hellani, Jérémy Alloo, Pierre-André Cazenave, Jacques Roland.
2.2 : Rôle de l'IL-33 dans le neuropaludisme
L’interleukine (IL)-33 fait partie de la famille des cytokines IL-1. IL-33 est exprimé dans les noyaux de cellules et sécrété comme alarmine alertant les cellules immunitaires environnantes via son récepteur ST2/IL1RL1. IL-33 est exprimé dans le cerveau en développement et mature. Cependant, son rôle dans la fonction et le comportement du cerveau reste flou. Le projet vise à étudier le rôle de l’IL-33 dans le neuropaludisme (NP). Le NP est une maladie immunopatholologique létale induite par l’infection à Plasmodium falciparum. Elle est caractérisée par i) la séquestration des globules rouges infectés (GRi) dans les microvaisseaux cérébraux et ii) une forte neuroinflammation. Le concept du projet est fondée sur notre constatation que, dans un modèle de souris, sous l’infection à Plasmodium berghei ANKA (PbA), les taux d’interleukine-33 (IL-33) sont plus élevés dans le sérum et le cerveau des souris sensibles au NP que chez les souris résistantes au NP. Toutefois, le rôle préjudiciable de l’IL-33 au cours du NP demeure inexploré. L’IL-33 est connu pour augmenter l’expression de ICAM-1 et CD36, 2 médiateurs de la liaison des GRi aux cellules endothéliales (EC) pendant le NP, et pour favoriser la perméabilité vasculaire. Nous supposons que l’IL-33 pourrait perturber la barrière hémato-encéphalique (BHE) en favorisant la liaison des GRi aux EC du cerveau et le processus neuroinflammatoire.
IL-33 est également révélé comme un acteur crucial pour contrôler l’infection à Toxoplasma dans le cerveau et prévenir le développement de l’encéphalite. Cependant, son rôle dans cette résistance à l’infection n’est pas bien compris. Par conséquent, une meilleure compréhension de la voie de signalisation IL-33/ST2 pourrait aider à trouver de nouvelles thérapies immunomodulatrices contre le neuropaludisme et la toxoplasmose.
Personnes impliquées dans le projet : Corine Glineur, Inès Leleu, Capucine Picavet, Nasreddine Saidi, Sylviane Pied.

Projet 3. Analyse des processus immunopathologiques associés à la Toxoplasmose Amazonienne
L'AT (Toxoplasmose amazonienne) se caractérise par des manifestations cliniques sévères accompagnées de complications pulmonaires. Chez les souris infectées par des souches de laboratoire de T.gondii, la toxoplasmose chronique corrèle avec des niveaux élevés d'IFN-γ et de MCP-1 sériques et une forte infiltration pulmonaire par les cellules T, les cellules lymphoïdes innées (ILC) et les ILC NK1.1 + CD27 + produisant de grosses quantités d'IFN-γ et de TNF-α.
Pour comprendre le processus de la maladie dans l'AT, des études de phénotypage sont programmées pour caractériser les cellules immunitaires induites dans le sang périphérique, la rate et les poumons de souris infectées par des souches virulentes de T. gondii et comparées avec les souches de référence. De plus, un génotypage du parasite et une étude de son association
Cette étude devrait permettre de mieux comprendre le rôle de l'inflammation persistante ou contrôlée dans la protection/pathologie et les formes pulmonaires pendant l'infection à T. gondii.
Personnes impliquées dans le projet : Magalie Pierre-Demar, Mona Saout, Félix Djossou, Maelys Doine, Kévin Néron.
Axe 2. Etude sur comment les facteurs environnementaux influencent les réponses immunes et la progression de la maladie dans l’écosystème amazonien de la Guyane
Projet 4. Comprendre l'immunité naturelle des populations exposées aux infections à protozoaires multiples
Nous profiterons de la forte prévalence du paludisme et de la toxoplasmose à la frontière amazonienne de la Guyane pour analyser les interactions mutualistes complexes entre les infections apicomplexes concomitantes chez les individus exposés. Nous analyserons si une infection chronique concomitante à T. gondii chez les patients atteints de paludisme modifie l’immunité de l'hôte et contribuent à une résistance d’un syndrome palustre grave. Une approche multidisciplinaire combinant études cliniques sur le terrain, épidémiologie moléculaire, immunologie intégrative, bio-informatique avancée et analyses statistiques multivariées sera mise en œuvre pour rechercher des signatures immunitaires fonctionnelles innées et adaptatives contribuant aux formes asymptomatiques des co-infections.
Personnes impliquées dans le projet : Sylviane Pied, Magalie Pierre-Demar, Félix Djossou, Mathieu Nacher, Narcisse Elenga, Loïc Epelboin, Kévin Néron.